Quinton Hazell en Liquidation – Les conséquences pour nos pièces détachées ?

Peut être l’avez vous lu dans la presse mais pour ceux qui ne sont pas au courant, la société Quinton Hazell annonçait sa mise en liquidation le Vendredi 7 Février 2013.

Beaucoup de spéculations ont depuis courues sur le futur de la marque et surtout sur l’approvisionnement de pièces pour nos anciennes.
Un mois passé et certaines choses commencent à se préciser d’où ce petit article.

Quinton Hazell, un peu d’histoire :
Pour ceux qui ne connaissent pas, Quinton Hazell est le fondateur de la société du même nom qui, suite à sa création en 1946, déclenchera une véritable révolution dans le milieu des pièces détachées automobiles, cassant les monopoles des constructeurs autos et la façon dont les pièces détachées étaient fabriquées et vendues en Angleterre puis dans le monde entier.

Ayant servi pendant la seconde Guerre Mondiale, Quinton Hazell avait remarqué la façon dont les Américains présentaient leurs pièces détachées – codifiées et avec des références précises, présentées dans des boites et faciles à utiliser. Suite à sa démobilisation, il part donc aux Etats Unis pour observer comment le marché automobile est organisé. Il rentre en Angleterre en 1946 et fonde la société Quinton Hazell, fabricant et distributeur de pièces détachées automobiles avec l’aide de son épouse et de quatre amis.

Son ascension est fulgurante et dans les années 50s et 60s, Quinton Hazell Ltd, vendait déjà dans plus de 160 pays et était le plus gros distributeur indépendant de pièces détachées au monde avec plus 800 employés.

 

Les raisons de son succès ?
Avant son arrivée sur le marché, les pièces détachées automobiles n’étaient disponibles que chez les constructeurs auto et étaient en général livrées dans du papier gras et souvent avec une partie des pièces vitales manquantes.

Les produits Hazell sont eux immédiatement fournis dans une superbe boite (regroupant toutes les pièces nécessaires) arborant le Dragon du Pays de Galles. Dans les pays d’Asie, ces produits deviendrons connus sous le nom de “produits du Dragon”, et comme le dragon est un symbol respecté là bas, la marque Quinton Hazell y prendra de fortes parts de marché.

Hazell développera également une chaine de distribution mais avec des ciritères de selection jusqu’alors inexistants. Fini les comptoirs gras d’huile, magasins aux façades anonymes sans vitrines et peu de stock. Cette recette deviendra rapidement la norme et les journalistes automobile de l’époque iront même jusqu’à parler de Hazell comme du “fondateur du marché de la pièce détachée automobile”.

Une des premières gammes de produits fabriquée par Hazell sera les rotules de direction, rapidement suivie par d’autre pièces de direction puis s’étoffera pour offrir des milliers de produits et références.

Pompes à eau, cylindres de freins, silent blocs, embrayages etc etc, si vous possédez une classic il y a de très forte chance que des pièces Quinton Hazell soient montées dessus.

 

Car en plus d’offrir les pièces à l’après vente, Quinton Hazell deviendra également un fournisseur de choix première monte chez de nombreux constructeurs auto tels que Ford, Lotus, Opel, et bien d’autres.

La société sera vendue plusieurs fois au cours des 20 dernières années pour finalement entrer sous la coupe du groupe Klarius en 2010 (Le groupe Klarius est plus connu comme fabriquant d’échappements) .  Avec 5 usines (3 en Angleterre, 1 en Espagne et 1 en Allemagne), c’est plus de 90000 pièces qui sont produites chaque année sous la marque Quinton Hazell.

Alors pourquoi cette liquidation  ?
Si l’on en croit le communiqué de presse officiel du 7 Février 2013 annonçant cette décision et la fermeture de son centre de distribution principal, la conjoncture et des problèmes de trésorerie sont avancés. Mais si l’on regarde de plus prêts d’autres raisons semblent se prononcer.

En effet, la société KPMG qui a été appointée pour cette liquidation a commencée par vendre la partie “Klarius Emmissions” du groupe, basée prêt de Manchester, à la société “Klarius Products” qui vient d’être crée spécialement à cet effet (?!?!), garantissant ainsi les emplois des 234 employés de cette division (et au passage un rachat à pas cher de l’outil de production….)

Rien de tel qu’une bonne nouvelle pour faire passer les mauvaises me direz vous. Tout d’abord, le centre de distribution QH, basé également en Angleterre ainsi qu’une usine de production ferment avec pas loin de 200 personnes licenciées.

Une bien triste nouvelle mais qu’en est il de la suite de l’histoire car pendant ce temps, les droits intellectuels Quinton Hazell sont eux vendus à une autre société, la division I-Tec du groupe Tetrosyl.

“Tetro quoi ???” me direz vous. Et bien Tetrosyl est en fait le groupe derrière les marques CarPlan, T-Cut, Triplewax (les produits de lavage, lustrage auto) ainsi que les antigels et laves glaces Bluecol.

Et les conséquences pour nous, propriétaires de Classics ?

Et bien d’entrée de jeu, la couleur est donnée par le nouveau propriétaire de la marque qui n’est interessé que dans le nom Quinton Hazell (annoncé clairement dans leur communiqué de presse).

La production va être délocalisée (je vous laisse imaginer où), les réseaux de distribution revus et corrigés pour que tout cela coute moins cher au nouveau propriétaire qui prévoit même un revenu supplémentaire de £50 millions au resultats du groupe grace à cette acquisition.

Et nos rotules de direction, pompe à eau ou cylindres de freins ??? Fort heureusement, il existe encore quelques autres fabricants qui proposent des produits de qualité et qui petit à petit élargissent leur gamme. Mais aucun d’entre eux ne possède vraiment une offre aussi large que QH et ils ne vont pas investir dans des outillages pour refaire des pièces jugées à trop faible volume de vente (essayez de trouver certaines pièces de direction de Cortina MK2, vous verrez de quoi je parle….).

Et les produits QH ? Fabriquer en Angleterre cela coute cher c’est vrai mais le QH “Made in Britain” avait au moins l’avantage d’être associé à une certaine qualité et un gage de sérieux pour l’acheteur.
Qu’en sera t’il du QH “Made in China” ? L’avenir nous le dira mais vu la couleur annoncée par le nouveau propriétaire de la marque, comme le dit un de mes amis propriétaire d’anciennes: “Acheté Chinois, acheté deux fois”……


 

 

 

2 thoughts on “Quinton Hazell en Liquidation – Les conséquences pour nos pièces détachées ?

  1. encore une histoire incroyable, je ne comprends pas qu’aujourd’hui cela puisse encore arriver, les dirigeants n’ont pas compris?
    De toute façon toutes ces entreprises qui ont commencé à se vendre à la fin des années 90 puis 2000 c’était sûr que cela finirait comme ça, c’est n’est qu’un jeu pour pomper la tréso et faire un profit à la revente en pigeonnant les petits actionnaires…
    Il y avait une question simple à leur poser quand des boites solides comme ça se vendait : pourquoi vendez-vous ?
    officiellement ils avaient peur du grand méchant loup et de ne plus être compétitifs…. quelle connerie, ils se faisaient racheter par des boites pourries sans techno ni savoir faire mais juste du cash…. c’est tout ce qui comptait, le cash…

    Tu vois dans l’histoire, le plus fautif c’est les Hazell qui ont vendu, merci à eux, merci à tout ceux qui ont fait fortune dans les 30 G (on peut dire que c’était facile après la guerre) et qui ont tout largué à des fonds pour leur payer une retraite en platine, comme s’ils n’en avaient pas assez…

    Amicalement

  2. Tout à fait d’accord avec Alex.
    Quand est ce que les gens vont comprendre qu’il faut en finir avec le soit-disant bon marché dans la pièce auto qui se paye en chômage pour l’Europe et en insécurité sur les routes ?
    Et les revenderus de pièces généralistes qui ont pignon sur le net de nous abreuver de spam vantant des rabais douteux sur des pièces à l’évidence mal cotées.
    Quelle époque d’insouciance imbécile !
    C’est clair que les moules et autres archives concernant des autos des années 60/70, ils vont te mettrre tout ça à la poubelle car c’est un coût de stockage.
    Ils ne vont même pas avoir l’idée de donner cela à des clubs pour qu’ils soient dépositaires de la mémoire technique de la vieille Europe.
    Je suis dégouté du mépris qu’on ces décideurs du travail accompli par leurs aïeules et de du même mépris qu’ils portent aux générations futures qu’ils privent de la mémoire.
    Allez, je m’en vais faire du stock.

    Raph

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